4.1. Les conditions de travail dans l'établissement (502-507)

Dans l'établissement même, il est demandé aux professeurs documentalistes d'estimer l'évolution de leur relation avec les élèves et avec les membres de la communauté scolaire. Ces évolutions peuvent dépendre d'histoires personnelles, mais le contexte de réforme ainsi que l'histoire de la profession rentrent bien évidemment en compte, ce que l'on note clairement à travers les commentaires rédigés par les collègues. Pour cette série de questions, le panel est de 1 637 réponses (en ôtant de l'analyse 96 collègues qui n'étaient pas en fonction en 2015/2016). Il est important ici de maintenir l'absence de réponse dans l'analyse, car elle provient de refus contextualisé de répondre, notamment du fait d'un changement d'établissement, à l'origine d'une méconnaissance de l'environnement de travail quand l'enquête est menée en octobre et novembre.

Avec les élèves d'abord (Graphique 23), les conditions ne changent pas pour 63 à 69 % des répondants en lycée GT, cité scolaire et lycée professionnel. Il en est autrement en collège où cela ne change pas pour 46,2 % des collègues, vers des conditions plus difficiles dans 39,5 % des cas contre 24 % en cité scolaire, 20,6 % en lycée GT, 14,5 % en lycée professionnel. Le ressenti négatif est plus important dans le public que dans le privé, de 10 points en collège et en lycée GT.

Graphique 23. Évolution des conditions de travail avec les élèves

Avec les chefs d'établissement (Graphique 24), la situation est égale selon le type d'établissement, avec 12,5 à 16,5 % de conditions plus difficiles, 9 à 10 % de conditions meilleures, jusqu'à 15,1 % en lycée professionnel. Près de 70 % des collègues font état d'une absence de changement. Le tableau est proche au sujet des relations avec le service d'intendance, avec des conditions plus difficiles dans 8 à 11 % des cas, meilleures dans 5 à 7 % des cas (15,7 % tout de même en lycée professionnel), sans changement dans 78,5 à 83 % des cas (71,1 %, au profit de meilleures conditions donc, en lycée professionnel). Avec le service de vie scolaire, les réponses sont aussi proches d'un type d'établissement à l'autre, avec des conditions plus difficiles dans 9,5 à 14 % des cas, meilleures dans 6,5 à 10 % des cas (jusqu'à 13,2 % en lycée professionnel), sans changement dans 73,5 à 77,5 % des cas. Avec les parents d'élèves, peu de collègues , jusqu'à 4 %, évaluent un changement.

Graphique 24. Évolution des conditions de travail avec le chef d'établissement

On retrouve avec les autres enseignants (Graphique 25) la tendance observée avec les élèves au niveau des types d'établissement, les conditions d'abord ne changent pas pour 67 à 71 % des répondants en lycée GT, cité scolaire et lycée professionnel. Il en est autrement en collège où cela ne change pas pour 55,2 % des collègues, vers des conditions plus difficiles dans 27,8 % des cas contre 13,2 % en cité scolaire, 9,2 % en lycée GT, 8,8 % en lycée professionnel. L'évolution vers de meilleures conditions est toutefois plus importante que dans les questions précédentes, entre 15 et 18 %. Nous n'observons pas là de différence significative entre public et privé.

Graphique 25. Évolution des conditions de travail avec les autres enseignants

806 répondants donnent des précisions sur ces évolutions. Cela permet de comprendre que ce sont essentiellement les effets de la réforme qui expliquent la dégradation des conditions de travail en collège, ce qui est somme toute très logique au vue des chiffres et des écarts entre types d'établissement. On retrouve le problème du maximum horaire hebdomadaire, vers une suppression des heures d'enseignement du professeur documentaliste, ou encore la mise à mal du rôle du professeur documentaliste, d'une part avec un temps important consacré aux nouveaux programmes par les autres enseignants, sans autant de temps disponible pour les collaborations avec l'information-documentation, d'autre part avec un statu quo au sujet du professeur documentaliste, pour le moins dans les discours des enseignants et des chefs d'établissement, sans davantage de légitimité pour enseigner.

C'est cette absence d'évolution qui explique le taux égal de dégradation des conditions dans les autres types d'établissement, ou l'absence de changements, celle-ci s'appliquant sur une situation déjà plus ou moins défavorable. Cela rejoint la question de l'ouverture du CDI, soit sans changement à ce sujet, avec des tensions existantes avec le service de vie scolaire, avec le chef d'établissement, avec parfois un principe d'ouverture pour l'étude plutôt que pour des groupes-classes en apprentissages, réaffirmé dans le contexte de la réforme, quel que soit le type d'établissement.

Les évolutions positives, quant à elles, ne découlent pas des réformes, mais en premier lieu d'une meilleure intégration du professeur documentaliste dans l'équipe, notamment quand il est arrivé depuis peu dans l'établissement. Le changement de chef d'établissement peut être également signe d'un changement positif, avec une meilleure reconnaissance, mais ce peut être aussi l'inverse. Les commentaires de fin d'enquête reviendront d'ailleurs parfois sur ce problème de dépendance vis-à-vis de points de vue variables sur la profession, sans formation importante sur le métier auprès des chefs d'établissement, mais aussi auprès des collègues enseignants. Le problème se retrouve quand il y a changement d'établissement, bien sûr, avec alors une ou deux années de battement, souvent, pour ce qui concerne les formations, selon le statut, le rôle et la reconnaissance du professeur documentaliste qui était précédemment sur le poste. Toutefois plusieurs collègues se refusent à répondre, dans ce cas, d'autant plus que notre enquête est menée en début d'année scolaire, et qu'il peut alors être difficile de totalement cerner son nouvel environnement.

Une perte des capacités d'enseignement, une nécessité de lutter davantage pour proposer des formations, voilà ce qui ressort globalement de ces premiers commentaires. Il existe des situations favorables, qu'il faut certainement indiquer, mais elles restent malheureusement marginales.