Une rentrée 2020 hors du commun
Chères et chers collègues,
Il est difficile d’ouvrir ce courrier de rentrée sans évoquer le contexte sanitaire qui, s’il n’impose plus la fermeture complète des CDI, perturbe sensiblement la reprise des activités. En effet les règles générales édictées par le protocole national semblent parfois difficilement compatibles avec les missions qui nous sont confiées, ou encore avec le souhait d’un accueil serein des élèves au CDI.
En l’absence d’une « fiche technique » nationale qui préciserait les conditions d’application du protocole de manière spécifique au CDI, c’est à nouveau le « système D » qui prévaut, avec des solutions construites localement et mutualisées entre des collègues qui sont çà et là contrariées par des « prescriptions académiques » plus ou moins contraignantes. Les échanges sur les réseaux et les listes professionnelles font ainsi déjà état d’une certaine hétérogénéité dans les modalités de reprise, celles-ci allant d’un retour à des modalités proches de la normale à des fonctionnements plus contraints qui risquent de mettre à rude épreuve les collègues qui y sont soumis.e.s. Il est difficile d’envisager des conditions de réouverture des CDI identiques sur l’ensemble du territoire, ce pour des raisons évidentes qui sont liées à l’évolution de la carte de circulation du virus, ainsi qu’aux possibilités de mises en œuvre du protocole pour chaque établissement (configuration des locaux, moyens humains, vulnérabilité de certains personnels…). Toutefois nous regrettons vivement l’absence de concertation, de la part des corps d’inspection, avec notre association professionnelle, qui s’est pourtant engagée dans une démarche constructive en publiant, dès le mois de mai, des recommandations pour accompagner la phase de dé-confinement, cohérentes avec le protocole national ainsi qu’avec les prescriptions de l’IFLA. Nous ne manquerons pas d’évoquer ce sujet lors de l’audience prévue dans quelques jours avec notre inspection générale.
Alors que les lieux d’accès à la culture continuent à être sévèrement affectés par cette crise, la réouverture des CDI, en cette rentrée, revêt un caractère particulièrement important. Au plus fort de la crise, notre profession avait déjà su se mobiliser et même faire preuve d’ingéniosité pour poursuivre sa mission en matière de médiation culturelle, notamment en organisant sur les portails documentaires l’accès à une offre culturelle de contenus en ligne mais aussi en proposant des projets originaux, ainsi, autour de la lecture. Nous sommes néanmoins lucides sur les limites qu’ont rencontré ces initiatives en raison des fractures territoriales et sociales en matière d’infrastructures et d’équipements mais aussi et peut-être surtout d’autonomie dans la pratique du numérique.
Ces limites ont été encore plus prononcées lorsqu’il s’est agi de proposer à distance des séquences dans les domaines de l’EMI et de l’information-documentation, les collègues de disciplines, pris dans la tourmente de la mise en œuvre de l’enseignement à distance s’étant, pour des raisons qui peuvent s’entendre, recentrés sur les « fondamentaux » de leur discipline au rang desquels, nous le savons, ne figurent que rarement les compétences qui constituent le cœur de notre enseignement.
Alors que le traitement de l’information sur l’épidémie dans les médias et sur les réseaux continue à envoyer plusieurs fois par jour des signaux forts sur l’urgence qu’il y a à mettre en œuvre pour tous les élèves une réelle formation à un usage critique de l’information et des médias, nous professeur.e.s documentalistes, titulaires d’un CAPES associé aux Sciences de l’information et de la communication, demeurons encore trop souvent réduit.e.s à la seule négociation avec nos collègues pour construire une progression des apprentissages.
Nous composons donc au quotidien avec cette contradiction en tentant de faire vivre et tenir dans un équilibre précaire et avec des moyens très insuffisants, mais avec conviction, les trois axes de notre circulaire de missions qui font la richesse et l’originalité de notre profession. C’est pour que cette originalité soit enfin reconnue comme une plus-value éducative et pédagogique et pour qu’elle ne se heurte plus à des représentations dégradées que nous continuons à œuvrer au sein de notre Fédération pour une pleine reconnaissance de notre statut. Celle-ci passe bien sûr par les contacts institutionnels, le travail avec les syndicats, mais aussi les relations avec le monde universitaire ou encore les contacts et partenariats avec les médias et le monde de l’édition, la présence sur les réseaux sociaux, sans oublier la représentation à l’international au sein de la section des bibliothèques scolaires de l’IFLA.
Nous ne pouvons néanmoins terminer ce courrier sans rappeler l’importance de l’engagement associatif et sans vous remercier de la confiance que vous nous accordez par votre simple adhésion ou en prenant une part plus active au sein d’une section académique de l’A.P.D.E.N. La Fédération a quant à elle été prise en charge, en pleine période de confinement, par une équipe certes motivée mais plus réduite que jamais et handicapée par les contraintes de fonctionnement liées à la crise sanitaire. Nous reviendrons vers vous dans quelques semaines pour envisager les conditions à même de redonner à notre Fédération un fonctionnement optimal afin que nous puissions envisager plus sereinement l’avenir de notre association. Ceci est en effet de la responsabilité de chacun et chacune d’entre nous.
Bonne rentrée à toutes et tous !
Prenez soin de vous et de vos proches