2015
oct.
10

Le professeur documentaliste dans l’enseignement privé : un statut, des missions spécifiques ?

Table ronde. Collectif

Emmanuelle MAUGARD et Mathilde SCHMIDT

Cette contribution fait partie de la table ronde II.2 intitulée "Enseigner-apprendre l’information-documentation : regard sur les contextes professionnels ". Elle s’articule avec celle de Fabienne LANCELLA et Thérèse MARTIN sur la perception du métier par les chefs d’établissement, et celle d’Isabelle COUTURIER sur le contexte professionnel dans l’enseignement agricole.

Table ronde animée par Florian Reynaud.

Nous pouvons légitimement nous poser la question de la spécificité des professeurs documentalistes de l’enseignement privé. Nos statuts, nos missions, les conditions d’exercice de celles-ci sont-elles vraiment différentes de ceux des professeurs documentalistes de l’enseignement public ?

La première chose qui vient à l’esprit, avant d’évoquer ces éventuelles différences, est bel et bien les nombreux points de convergence, au premier rang desquels figurent les textes statutaires de référence (la circulaire de 1979 sur l’exercice de fonctions de documentation et d’information par certains personnels enseignants du ministère de l’Education, la circulaire dite de mission de 1986, l’arrêté de 2013 sur le Référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation, le décret de 2014 -transposé en 2015 pour l’enseignement privé- relatif aux obligations de service et aux missions des personnels enseignants exerçant dans un établissement public d’enseignement du second degré).

Les concours sont identiques sous une appellation différente, le CAFEP pour le CAPES et le CAER pour le CAPES interne.

Les déroulements de carrière sont similaires, avec des inspections relevant des mêmes inspecteurs.

Peut-on, dans ces conditions, parler d’une spécificité du professeur documentaliste dans l‘enseignement privé ?

Rappelons-nous que la création du CAPES de Documentation offrait des avantages en termes de qualification scientifique, de qualification pédagogique des personnels. Mais cela présentait également un avantage supplémentaire, celui d’une perspective d’unification des personnels de ce domaine.

Aujourd’hui, l’enseignement privé compte environ 2000 professeurs documentalistes ; nous parlons bien là des professeurs certifiés ; aux côtés desquels nous trouvons également des personnels OGEC (Organisme de Gestion) qui représente 11% du personnel. Ils exercent en général la fonction de professeur documentaliste lorsqu’ils sont seuls en poste dans les CDI. En revanche, lorsqu’il s’agit d’un second poste, ils ont en charge l’accueil, la gestion et la mise à jour du fonds documentaire, en cohérence avec un recrutement statutaire de documentaliste.

C’est peut-être là une première particularité.

En prenant appui sur une enquête menée en 2012 par l’ANDEP (l’Association Nationale des Professeurs Documentalistes de l’Enseignement Privé), nous allons tenter d’évaluer la variété des personnels exerçant dans les centres de documentation. Cette enquête, diffusée aux 720 adhérents de l’association, nous a permis de faire une analyse assez précise de la question, puisque près de 60 % des adhérents ont répondu.

Le terme de personnel et non pas de professeur documentaliste avait été choisi à dessein. Il s’agissait justement d’évaluer la variété des personnels présents dans les centres de documentation. Trois axes ont été privilégiés :

  • le nombre de professeurs documentalistes par établissement,
  • le lieu d’affectation,
  • le volume horaire par poste.

Un statut particulier ?

Nous trouvons en moyenne un professeur documentaliste pour 700 élèves. Ce faisant, nous sommes bien loin des normes proposées par l’Inspecteur général Quencez en 1982, qui proposait un poste par tranche de 400 élèves.

Près de la moitié d’entre eux travaillent seuls. Dans les CDI où exerce une seconde personne, ce personnel supplémentaire est composé en partie de professeurs de disciplines et, avec une nette dominante, de personnels externes à la documentation (CPE, bénévoles, voire même parents d’élèves), à hauteur de près de 25 %. Nous faisons parfois face à des situations locales particulièrement préoccupantes ; ainsi dans certaines régions, dans les cas de gestion conjointe, nous trouvons jusqu’à 30 à 40 % de personnels externes.

Ainsi, en additionnant le personnel dit OGEC et ce personnel externe à la documentation, nous constations que près d’un quart des personnes exerçant en CDI ne sont pas certifiées en Documentation. Ceci montre bien, d’une part des besoins réels en matière de formation des élèves à la maîtrise d’une culture en Information-Documentation, mais également, d’autre part, une nécessité d’ouverture des CDI dans les établissements scolaires.

Au final, ce constat peut sembler un peu alarmant. Toutefois, cela ne signifie pas que ces personnes ne sont pas formées aux missions de professeur documentaliste.

En ce qui concerne le lieu d’affectation, environ un tiers des professeurs documentalistes exercent sur deux établissements. La région Midi-Pyrénées constitue même un particularisme puisque cet état de fait est la règle avec de nombreux postes fractionnés. Et la situation s’aggrave même, avec la mise en place des heures « berceau » [1].

Près des deux tiers des professeurs documentalistes sont à temps complet. Pour le tiers restant, 17 % sont à temps partiel imposé, avec même certains professeurs documentalistes en risque de perte d’heure ou de contrat. De plus, quelques régions ont intégré les heures de Documentation dans la DHG, ce qui renforce cet état de fait.

Quelles solutions sont proposées en cas de perte d’heures ou de contrat ? Pour certains, ce sont des heures dites OGEC (donc hors contrat d’Etat), des mutations ou des heures d’enseignement disciplinaires. Mais dans 72 % des cas, ces professeurs ne se voient proposer aucune solution.

C’est bien là une spécificité de l’Enseignement privé. En cas de perte de contrat, il n’y a pas de garantie de se voir proposer des heures.

Si nous analysons d’un peu plus près cette enquête, nous ne pouvons que constater une certaine précarité statutaire.

La répartition des postes n’est ni homogène ni équilibrée. Selon les établissements, le nombre d’heures distribuées échappe à toute logique. Il semble qu’aucun barème ne soit vraiment appliqué. Dans ces conditions, le travail des personnels dans le processus de didactisation peut être modéré quand ils manquent de visibilité sur leur devenir professionnel dans l’établissement.

De même, le calcul des heures en documentation ne suit pas toujours la logique du mi-temps ou du plein temps. Difficile dans ces conditions de trouver des compléments de service !

Certains chefs d’établissements utilisent les heures de documentation pour compléter l’emploi du temps de professeurs de discipline en perte d’heure. C’est là l’autonomie des chefs d’établissement, une spécificité notable de l’enseignement privé. Ils ne relèvent, hiérarchiquement parlant, ni du Rectorat ni du Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique ; la seule autorité hiérarchique est l’Organisme de Gestion.

Donc nous voyons bien un paradoxe entre, d’une part, des temps partiels imposés, des pertes d’heures, des affectations sur plusieurs établissements, et d’autre part des recrutements de personnels externes à la Documentation.

Deux constats s’imposent alors. Ce manque d’équilibre et d’harmonisation est déplorable pour la formation à la culture de l’information des élèves. Et il est révélateur d’une conception du CDI ramenée à sa simple expression de lieu de vie et non à sa fonction première de centre de ressources et de formation, de lieu didactisé.

Les obligations de service (ORS) des professeurs documentalistes du privé [2]

Nous avons souhaité au sein de l’ANDEP prolonger cette étude par une nouvelle enquête réalisée en juin 2015 sur les textes relatifs aux obligations réglementaires de service. Cette enquête, parallèle à celle de l’APDEN, aborde nos conditions de travail en général, et nos pratiques pédagogiques, notamment en lien avec l’EMI. Son but est de permettre à l’Association de dresser un bilan des conditions de travail des professeurs documentalistes de l’Enseignement privé, et d’évaluer les difficultés rencontrées par ceux-ci dans le cadre de la mise en place de la réforme des programmes, de la généralisation de l’EMI.

Envoyée en juin 2015, elle a reçu moins de réponses (20 % des adhérents) que la précédente. Celles-ci sont néanmoins intéressantes au regard de ces textes. Il ressort une évolution dans la perception de nos missions et surtout des conditions de l’exécution de celles-ci, et notamment dans le rapport des professeurs documentalistes aux chefs d’établissement, ceci dans le cadre du texte sur les ORS.

En effet, 83 % des professeurs documentalistes n’ont pas évoqué, avec leur chef d’établissement, la question du décret et pensent même que cela va poser problème. Pour ceux qui ont abordé cette question, la réaction des chefs d’établissement est tout à fait claire : 65 % sont défavorables aux récupérations d’heures.

Pourtant cette réponse des chefs d’établissement ne doit pas nous faire « éviter » de poser la question (rappelons que 83 % des professeurs documentalistes n’ont pas évoqué la question) au risque de se mettre, en suivant la définition de Montaigne, dans une posture de « servitude volontaire ». Et rappelons que les heures d’ouverture du CDI ne relèvent pas d’une décision du professeur documentaliste.

Nous connaissons l’autonomie des chefs d’établissement dans l’enseignement privé, ainsi que les directives parfois contradictoires d’une région à l’autre des IPR et l’absence de consignes d’application au niveau national. Nous pouvons donc facilement imaginer le nombre de conflits potentiels à venir !

L’opinion des professeurs documentalistes sur cette question a évolué. Près d’un quart d’entre eux sont favorables à une annualisation. En effet, une très nette majorité (82 %) des professeurs documentalistes se disent favorables à l’ouverture du CDI par du personnel formé. Ce qui était tout à fait inenvisageable il y a même 10 ans. Mais cela pose toutefois la question de ce personnel formé. Par qui ? Pour quelles missions ? Et dans quelles conditions ?

Ces deux éléments, l’idée plutôt acceptée d’une annualisation et d’une ouverture par du personnel formé, sont assez paradoxaux avec les hésitations des professeurs documentalistes. De fait, près de la moitié d’entre eux sont dubitatifs sur la portée de ce texte et n’arrivent pas à déterminer s’il va permettre une valorisation, une reconnaissance de notre statut d’enseignant au sein de l’établissement. Certains étant même d’avis qu’il va dégrader leurs conditions de travail.

En conclusion, en ce qui concerne le statut des professeurs documentalistes de l’enseignement privé, même s’il y a des préoccupations communes avec l’enseignement public, on constate nettement des particularités propres à l’enseignement privé, notamment une certaine précarité statutaire en partie liée à l’autonomie dont disposent les chefs d’établissement.

Qu’en est-il de la perception de nos missions et surtout des conditions de l’exécution de celles-ci ?

Rappelons que nos missions sont définies par quelques textes. En premier lieu desquels, la circulaire de mission de 1986, un texte qui reste la référence… malgré une forte attente des professeurs documentalistes pour une nouvelle circulaire. Celle-ci établissait notamment la mission pédagogique des professeurs documentalistes.

Une dimension confirmée clairement par le référentiel de compétence de 2013, qui rappelle en premier point cette dimension pédagogique. Ce référentiel laisse entendre à la fois une véritable reconnaissance de la culture informationnelle comme objet d’enseignement (avec notamment des savoirs et notions) et une légitimité pédagogique du professeur documentaliste, dans la mise en place d’une progression pour le développement de la culture de l’information des élèves.

D’ailleurs, la mise en place du nouveau Socle de connaissances, de compétences et de culture, ainsi que la refonte des programmes ont, pour la première fois, posée clairement la question de la didactisation d’une Education aux Médias et à l’Information.

L’objectif est bien, pour nous, de passer d’une pédagogie curative a posteriori, basée uniquement sur les requêtes des jeunes, sur des compétences procédurales, à une véritable Education aux Médias et à l’Information.

La pédagogie « curative » est le résultat d’un glissement de terrain entre pédagogie et accompagnement. Nous attendons par accompagnement, l’aide et le soutien personnalisé, la guidance répondant sans anticipation à une situation problème posé par l’élève et non pas par le professeur documentaliste. Notre quotidien est jonché de ces situations de « guidance rapprochée » ; elles sont la conséquence d’un manque de formation, d’un manque de didactisation posée comme un a priori. Ces situations se manifestent particulièrement autour des environnements numériques où la « guidance rapprochée » a pris par mimétisme les mêmes caractéristiques que les objets numériques sur lesquels elle se porte :

  • une formation nomade régie par la multiplicité des lieux et des accès à l’information,
  • une formation développée par sérendipité, qui se propage au hasard des rencontres et des demandes des élèves,
  • une formation ponctuelle qui répond à un besoin conjoncturel,
  • une formation utile répondant à des besoins d’usager.

L’enquête réalisée en juin 2015 nous apporte quelques éléments de réponse sur l’analyse de nos missions pour l’enseignement privé.

En premier lieu, la reconnaissance pleine et entière de notre statut passe par notre participation aux instances de l’établissement. Or, seulement un quart des professeurs documentalistes participe au Conseil pédagogique. La question à se poser, alors, est de savoir s’il s’agit d’une non reconnaissance de notre fonction d’enseignant ou tout simplement si cette instance n’existe pas au sein de nos établissements. En effet, si l’existence de ce Conseil pédagogique revêt un caractère obligatoire, il faut rappeler à ce propos que ces instances, bien que faisant l’objet de textes réglementaires, ne sont pas toujours mises en place dans les établissements de l’enseignement privé.

Nous constatons même qu’un tiers des professeurs documentalistes ne siège dans aucune instance.

Par ailleurs, les deux tiers des professeurs documentalistes des CDI n’ont pas mis en place de politique documentaire au sein de l’établissement. Preuve que le discours injonctif en la matière de l’Institution n’est pas forcément prégnant ! Et que les personnels ne sont pas particulièrement convaincus de l’intérêt de ce document. Par contre, une majorité de professeurs documentalistes élaborent un projet pour le CDI avec un bilan annuel… et, chose intéressante, celui-ci est communiqué dans l’établissement.

Si nous nous posons la question de l’organisation des ressources pédagogiques de l’établissement et leur mise à disposition, la situation ne penche guère en faveur d’une représentation de ce lieu comme étant celui d’un espace didactisé.

Pour les espaces, près de la moitié des CDI ne dispose que de trente places assises, et seulement dix places devant ordinateurs. Seulement un tiers des CDI dispose d’un espace assez grand pour accueillir un groupe-classe en situation d’apprentissage. Et un CDI sur cinq dispose d’espaces dédiés au travail en petits groupes. Difficile, dans ces conditions, pour reprendre la mention faite dans le référentiel, « d’organiser la complémentarité des espaces de travail pour favoriser l’accès progressif des élèves à l’autonomie ».

L’équipement informatique est juste satisfaisant, puisque près de la moitié des CDI est équipée de 10 postes maximum. Enfin, très peu de CDI sont équipés d’ordinateurs portables (20 %), de tablettes, de liseuses (5 %) ou de TNI.
Nous trouvons quand même un vidéoprojecteur dans 57 % des cas. Cet assez faible taux d’équipement montre une dimension particulière des établissements privés, à savoir que les dotations des collectivités locales peuvent varier considérablement d’une collectivité à l’autre.

En ce qui concerne la fréquentation du CDI, dont le libre accès au CDI, la moitié seulement des professeurs documentalistes sont seuls décisionnaires de la gestion des flux d’élèves. Et dans la moitié des cas, les professeurs documentalistes ferment le CDI lors de séances pédagogiques. Ceci peut être mis en rapport avec la taille des CDI et ses capacités d’accueil… et pose la question de la formation à l’autonomie des élèves.

Quelle progression est mise en place dans nos établissements ? Rappelons que la compétence D1 « Maîtriser les connaissances et les compétences propres à l’éducation aux médias et à l’information » du référentiel de 2013 apparaît comme la première de nos compétences.

Nous pouvons nous féliciter du fait qu’un peu plus de la moitié des professeurs documentalistes réussisse à mettre en place une progression. Mais il existe donc quand même encore une partie des professeurs documentalistes qui n’ont pas mis en place de progression EMI et interviennent ponctuellement à la demande des enseignants de discipline. Ce qui renvoie aux nombreux termes que l’on trouve dans les projets de programme : « contribue », « participe », « sollicite », « aide précieuse »…

Il est important de rappeler, mais nous en sommes tous ici convaincus, que la collaboration engagée avec les professeurs de discipline, bien qu’étant fondamentale dans la progression des élèves, ne participe pas à la réussite de tous les élèves. Elle est fondée, d’une part, sur une conception « vassalisée » des apprentissages info-documentaires et, d’autre part, les enferme dans une formation aléatoire, soumise à la dynamique des projets.

Les deux tiers des séances pédagogiques concernent le niveau de 6e. Nous pouvons mettre cette constatation en relation avec le programme du cycle 3, qui mentionne le professeur documentaliste. Au lycée, nous pouvons nous attendre à un nombre important de séances pédagogiques menées en 2de. Or cela ne concerne qu’à peine un tiers des interventions pédagogiques.

Sans surprise, les disciplines littéraires et de sciences humaines sont privilégiées pour introduire des contenus dans le cadre de l’EMI, à hauteur de près des deux tiers. Nous pouvons regretter cela puisque la didactisation des savoirs de l’information-documentation peut se faire indépendamment du contenu disciplinaire.

L’investissement pédagogique (de 30 à 50 %) des professeurs documentalistes se fait, de façon assez attendue, dans les dispositifs traditionnels : HDA, Parcours Avenir, DP3, TPE, ECJS et AP…

Au sujet des contenus, favorisés dans les apprentissages en lien avec l’EMI, leur recensement et analyse ont été envisagés en prenant appui sur les travaux du groupe TraAm Doc de Toulouse. Les compétences traitées sont les suivantes :

  • Décoder et/ou construire des écosystèmes informationnels, avec les notions de pertinence, de fiabilité, de moteur de recherche …,
  • Etre auteur : consulter, s’approprier, publier,
  • Argumenter, analyser, développer un point de vue,
  • Partager des informations de manière responsable, reproduire, produire.

Et dans une moindre mesure, très nette : assumer une présence numérique et comprendre et expérimenter le web et sa structuration.

Ces deux derniers contenus sont abordés de manière nettement moins fréquente dans les apprentissages que les notions de pertinence et d’auteur,… C’est sûrement significatif de nos connaissances et compétences dans le domaine des SIC. Ce qui pose la question de la formation initiale et continue des professeurs documentalistes, qui doivent pouvoir s’appuyer sur le champ des SIC, tel que proposé par tous les acteurs responsables de cette construction de l’information-documentation (chercheurs, professionnels et institutionnels).

En conclusion, il existe aujourd’hui, nous semble-t-il, un risque important : celui d’un fossé grandissant entre les professeurs documentalistes, qui pourrait se creuser de plus en plus. Entre ceux qui pourront/voudront appliquer le texte sur les « Missions et obligations réglementaires de service des enseignants » et ceux qui ne le pourront/voudront pas. Mais et surtout entre ceux qui dénient le fait d’être professeurs et nous installent dans une posture « précieuse d’aide et d’accompagnement » des élèves et ceux qui revendiquent la mise en place d’une véritable discipline en information-communication.

Une 3e voie est-elle possible ? Le curriculum nous propose de pistes intéressantes en ce sens.

Dès lors, existe-t-il une spécificité du professeur documentaliste de l’enseignement privé ?

Sûrement pas, on le voit à travers les textes et les nombreux questionnements qui traversent et font réagir la profession. Cette spécificité se limite peut-être aux dimensions statutaires et de moyens… qui sont pourtant des préalables indispensables à la mise en place d’une réelle didactisation de l’Information Documentation.

Si les difficultés, les enjeux, les débats sont communs à tous les professeurs documentalistes, la spécificité réside peut-être, paradoxalement, dans la diversité et multiplicité des structures de l’enseignement privé.

Cette diversité des structures se répercute sur la disparité des politiques éducatives de l’établissement scolaire. Deux paramètres conditionnent pleinement la pratique des enseignants dans l’enseignement privé : l’autonomie d’exercice du chef d’établissement et la typologie des établissements d’exercice. Ces derniers peuvent appartenir au privé laïc ou privé confessionnel, diocésain ou congréganiste. Toutes ces données participent du « caractère propre » de l’enseignement catholique (majoritairement représenté dans l’enseignement privé). Tous ces indices conditionnent la dynamique de projet d’un établissement scolaire, ils peuvent être un accélérateur ou un frein à la mise en place d’expérimentations pédagogiques. Ce cadre peut être très flexible d’un établissement scolaire à un autre en fonction du projet porté par l’institution.

Dans le cadre de cette souplesse d’exécution, avec la volonté réelle des professeurs documentalistes, (ce que l’on observe avec l’élaboration et la mise en œuvre de progressions), travailler sur la dimension fondamentale de la formation des personnels permettrait d’avoir un champ d’investigation important.

Situations et pratiques professionnelles des professeurs documentalistes de l’enseignement privé, quelles spécificités ? de FADBEN

Notes

[1] Dans le cadre de la nouvelle formule du CAFEP, ces heures prévoient une affectation sur un tiers temps "réservé" que l’on appelle aussi "berceaux". Elles ne sont donc pas proposées aux titulaires dans le cadre des mutations.

[2] Circulaire n° 2015-112 du 15-7-2015 relatives aux missions et obligations réglementaires de service. Précisions concernant les maîtres des établissements d’enseignement privés du second degré sous contrat (NOR : MENF1510155C)http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=91432

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