Conclusion

Globalement, la politique documentaire est une expression qui reste relativement floue, même si elle pose moins de problème que les 3C au sujet de ses contenus. De ses origines, elle reste d'abord associée au principe d'une cohérence globale de gestion et d'acquisition des ressources imprimées et numériques dans l'ensemble de l'établissement . C'est au sujet de l'intégration de la mission pédagogique du professeur documentaliste dans cette politique documentaire, notamment de la mise en œuvre d'une progression en information-documentation, que la question se fait plus délicate.

Ainsi, l'opposition est moindre qu'envers les 3C, quand il ne s'agit pas tout simplement de supposer que le projet documentaire formalisé dans le seul CDI constitue le support d'une politique documentaire. Mais on retrouve, comme pour le 3C, cette dichotomie entre, d'une part, l'adhésion au principe d'une politique globale qui permette de rendre l'action du professeur documentaliste lisible au niveau de l'établissement, avec alors la frustration de collègues indifférents, et d'autre part, la recherche opportuniste de leviers politiques à ce que l'on recherche localement en termes d'efficacité : la gestion de l'ensemble des ressources, ou la reconnaissance professionnelle, ou la mise en place d'une progression info-documentaire, avec une rencontre très rare entre le premier et troisième axe, mais un lien régulier entre ces deux axes et l'axe central, celui d'une recherche de reconnaissance que d'autres n'ont pas à susciter pour exercer leur travail.

Notons enfin qu'il n'est quasiment jamais question ici d'ouverture culturelle ou de développement du goût pour la lecture, avec une focalisation donc sur la gestion et la pédagogie info-documentaire. Sans aucune définition réglementaire, la politique documentaire, qui se veut dirigeante de la mission globale du professeur documentaliste, n'intègre aucunement culture et lecture dans les mentalités.

Il ressort que la politique documentaire s'apparente davantage à un outil de communication dont l'efficacité est loin d'être évidente. La notion de projet documentaire, moins formel, permet aux professeurs documentalistes de gérer le fonds documentaire du CDI, parfois certains fonds associés aux disciplines quand cela relève d'une cohérence sur le long terme, sans artifices. Quand la politique documentaire renvoie à une dépendance qui peut être problématique, renforcée par le projet de 3C, le projet documentaire relève d'une certaine indépendance, sans que le professeur documentaliste ait à rendre de comptes sur ses compétences professionnelles, avec par contre toute latitude pour échanger et présenter son travail.