2.4. Le CDI et le 3C : opportunisme et perplexité (310-312)
Êtes-vous favorable à la transformation des CDI en 3C ? A cette question posée, le manque d'enthousiasme est perceptible dans les réponses, avec une opposition nette, mais aussi une part importante de collègues qui ne parviennent pas à se prononcer. Les résultats sont d'autant plus troublants que, sans grande mesure, beaucoup d'équipes académiques associées au numérique considèrent cette évolution comme actée, de même que cette idée est poussée par certaines équipes éditoriales relatives à l'éducation, ainsi le Café pédagogique et les Cahiers pédagogiques, à travers leurs choix éditoriaux. Ces positionnements posent question, donc, quand on observe l'opinion des premiers concernés, à savoir les professeurs documentalistes, qui ont un regard spécialiste et professionnel sur l'accès à la culture depuis un établissement scolaire.
Commençons par les chiffres, avant d'engager l'analyse qualitative des commentaires, ce qui nous permettra de revenir sur le contenu des 3C, tel qu'il est développé par l'IGEN-EVS en 2012 puis par les inspecteurs académiques ensuite. Ainsi donc, sur 743 réponses (Graphique 10), 16,4 % des collègues sont favorables à cette transformation en 3C (13,9 % en collège, 19,1 % en lycée professionnel, 20,3 % en lycée GT, jusqu'à 27,3 % en cité scolaire), 42,9 % y sont opposés (46,2 % en collège, 45,5 % en cité scolaire, 37,2 % en lycée GT, 30,9 % en lycée professionnel), et 40,7 % ne se prononcent pas (27,3 % en cité scolaire, 40 % en collège, 42,6 % en lycée GT, 50 % en lycée professionnel).
L'importance du nombre de collèges dans le panel, comme dans la représentation nationale des types d'établissement, écrase les données de l'ensemble, quand on doit bien observer clairement une différence entre collège et lycée (GT ou pro), avec une première hypothèse associée à l'autonomie en partie construite des élèves après la Troisième, hypothèse à vérifier dans les commentaires. En effet, c'est sur cette autonomie requise que s'appuie le projet des 3C, et sur le volontarisme des élèves à venir dans un lieu de culture, pour les accompagner dans leurs apprentissages sans formalisation des apprentissages info-documentaires. Pour autant, s'il y a différences, il n'y a pas de fossé entre types d'établissements.
Quelques croisements sont significatifs. D'abord entre académies, si l'on ne retient que les sept académies qui ont fourni le plus de réponses, et en collège seulement, on constate des différences peu surprenantes au regard des échanges existants, avec ainsi une faveur plus importante pour les 3C dans les académies de Lille et Grenoble (25 % ou plus), quand on passe sous les 10 % à Rennes (dans laquelle un grand travail de communication en faveur du développement des 3C a pourtant été effectué par l'Inspection académique), à Versailles et à Lyon, avec une opposition très nette dans l'académie de Nantes (Tableau 2).
On notera que les collègues sont moins favorables aux 3C quand il n'y a pas de personnel d'aide, déjà, au CDI, et ce quel que soit le type d'établissement. Les collègues qui participent au conseil pédagogique de leur établissement sont généralement plus favorables aux 3C (15,4 contre 8,4 % en collège, 23,6 contre 10,5 % en lycée GT), avec de même d'autres concordances significatives (au-delà de 5 ou 10 points) entre une instance et la faveur aux 3C, mais souvent sur un type d'établissements seulement (commission TICE en lycée GT à 37,5 contre 15,5 %, CESC en collège à 20,2 contre 10,3 %, CVL en lycée GT à 31 contre 16 %, Réunion de direction en collège à 35,7 contre 12,5 %, RUPN en lycée GT à 41,2 contre 17,6 %, administrateur du site web en lycée GT à 46,7 contre 17,3 %). Nous n'observons pas de correspondances significatives avec la question des dispositifs pédagogiques ou avec l'engagement pédagogique devant groupes-classes.
Le rapport au lieu importe, avec une faveur aux 3C plus importante quand on est déjà seul décisionnaire dans la gestion des élèves pour l'accès au CDI, de même quand on ne connaît pas de difficultés pour fermer le CDI en cas de séances pédagogiques. L'opposition aux 3C est plus nette quand on ne souhaite pas que le CDI soit ouvert par un autre personnel, selon les raisons évoquées ci-dessus, quand bien même ce personnel serait formé. Enfin les collègues qui ont mis en place une « politique documentaire » dans leur établissement sont globalement plus favorables aux 3C que les autres, à 22,5 contre 12,4 %. Donc, même si l'opposition aux 3C reste toujours majoritaire et très nette, nous observons en bordure une conception différente du lieu CDI, que l'on ne peut pas associer à l'engagement pédagogique du professeur documentaliste, mais a priori, en attente de l'analyse des deux questions suivantes, selon trois éléments problématiques : la maîtrise du lieu par un professionnel, son ouverture par d'autres professionnels et la concertation globale dans chaque établissement autour du lieu CDI/3C et de son rôle.
La motivation des réponses
La question suivante propose d'expliquer le choix en précisant la raison de la réponse donnée. Nous obtenons 130 réponses parmi ceux qui ne se prononcent pas, 256 réponses parmi ceux qui s'opposent, enfin 100 réponses parmi ceux qui sont favorables.
Pour les indécis
Si l'on s'occupe dans un premier temps des commentaires relatifs à ceux qui ne se prononcent pas, on observe que les explications font souvent pencher la balance d'un côté ou de l'autre, quand il n'y a pas simplement aveu de méconnaissance de la question. Ainsi, plutôt opposé, le 3C est « trop abstrait, trop utopique, trop difficile à gérer » (collège), on lira aussi : « Un bon nombre de caractéristiques décrites dans le 3C sont déjà en œuvre au CDI... et certaines autres caractéristiques me semblent induire le risque d'une confusion des espaces (foyer/perm/hall...) dans l'esprit des élèves comme dans celui des personnels. » (lycée GT) ; presque favorable, « Bonne idée, mais trop compliquée à mettre en place dans un grand établissement où vie scolaire peu efficace... » (collège).
Parmi ceux qui ne se prononcent pas, il peut y avoir, parfois, un intérêt pour le 3C, exprimé de manière implicite, sans que l'on ait d'éléments concrets, le plus souvent. On retrouve bien l'idée d'une nécessaire évolution, d'un nécessaire changement, mais sans palper la forme concrète de ce changement, avec d'ailleurs, tout de même quand il y a des éléments explicites, deux éléments qui ne se recoupent quasiment jamais, à savoir l'accès permanent au 3C d'une part, l'importance des équipements informatiques d'autre part. Pour certains, en collège, c'est une « Formule piège, trop chargée aujourd'hui en faveur d'un camp contre un autre (en gros, les Anciens contre les Modernes et inversement) alors que complexité du métier favorise à la fois sa richesse et ses difficultés. » Ce qui ressort le plus, c'est le manque de clarté des textes qui concernent les 3C (23), cela ne permet pas de donner son avis, quand il n'est pas simplement question d'une méconnaissance des textes (10) ou de 3C concrets (2), avec par ailleurs l'idée, en effet développée dans ce flou des textes, que c'est finalement l'établissement qui devient 3C (2). Pour le reste, on es amené à estimer que ceux qui ne se prononcent pas sont opposés au projet, tant les obstacles et incertitudes sont nombreux : quid de la formation de personnels supplémentaires (16), quid du respect de la mission pédagogique du professeur documentaliste (12), du respect du CDI en tant que lieu didactisé (8), avec des incertitudes, par ailleurs, sur les moyens matériels et informatiques (12), sur l'adaptation des lieux pour un tel projet (12), sur l'entente entre chefs d'établissement, CPE et professeurs documentalistes (5) et la difficulté de penser ce projet ensemble dans un établissement (4). Davantage dans l'opposition, l'idée fréquente que les CDI sont déjà des 3C (12), que ce changement n'est qu'un plan de communication, et surtout que ce projet n'est pas pensable en collège (2), avec en particulier le problème de l'autonomie non acquise de l'élève (13).
Les arguments contre les 3C
En ce qui concerne les arguments « contre », une collègue de lycée professionnelle, dans l'académie de Lyon, précise : « Il me semble qu'il s'agit avant tout d'une volonté de faire disparaître l'aspect disciplinaire que peuvent revêtir les notions d'information-documentation en prétextant une innovation pédagogique. L'application d'une gestion en autonomie/intégrée à la vie scolaire est une manière déguisée de ré-orienter le rôle d'enseignant du professeur certifié en documentation au mieux vers un rôle de médiateur-gestionnaire de l'information, au pire vers un rôle de vague animateur/éducateur socio-culturel. Sur le fond, plus qu'une transformation des CDI en 3C, il s'agirait d'avoir une vision ambitieuse des CDI et des "services" à caractère pédagogiques qui peuvent y être proposés en offrant un fonds documentaire, un matériel et des ressources numériques, des espaces, un personnel formé en nombre suffisant et de qualité. Il faudrait que ces exigences soient actées nationalement dans un cahier des charges national, guide de référence pour les Régions. Qu'une part du travail du professeur documentaliste s'effectue en lien avec la vie scolaire, le CVL ou que les CDI entrent dans l'ère numérique' me semblent être des évidences. A condition qu'on en donne les moyens matériels et humains au professeur documentaliste, sans diluer (ou pire lui dénier) sa responsabilité sur le centre de ressources de l'établissement, ou ses responsabilités pédagogiques. »
Une collègue de collège, dans l'académie de Grenoble, précise que « le principe d'accès optimisé au CDI et à ses ressources est d'ores et déjà possible 24 h/ 24 et 7j / 7 grâce aux portails documentaires. Un espace commun CDI / Vie scolaire est plausible dans les textes plus que dans les faits. En effet, le postulat de départ selon lequel les élèves sont suffisamment matures et autonomes pour accéder aux ressources documentaires sans recours à un adulte formé de manière pertinente, est très discutable dans la réalité des faits. Un espace détente pour utiliser son smartphone à des fins surtout personnelles et parfois dans un but pédagogique ne me paraît pas relever de l'urgence absolue. Le manque de curiosité intellectuelle et l'absence d'autonomie dans les recherches ne vont pas être effacés par l'ouverture des 3C, même si le 21ème siècle est celui de la connexion "incarnée". La sérendipité a encore de beaux jours devant elle, n'en déplaise à Monsieur Durpaire. En revanche, 25 ans après la création du CAPES de Documentation, quid des préconisations de l'IG Poupelin, qui prônait la reconnaissance de l'information documentation en tant que discipline à part entière, à mettre au service de l'interdisciplinarité et de la transdisciplinarité, pourtant dans l'ère du temps avec la réforme prônée au collège pour la rentrée 2016... »
Ces deux réponses sont une illustration intéressante de l'ensemble des réponses données, avec généralement deux ou trois éléments présentés dans chaque réponse. Le premier problème, c'est l'idée que les élèves soient en autonomie (75), problème qui est présenté en collège comme en lycée. Ensuite, on regrette la disparition du rôle didactique du CDI et du rôle pédagogique du professeur documentaliste (72), celui-ci étant réduit à être « prestataire de services », « animateur », seulement gestionnaire (53), avec la crainte d'un mélange des fonctions avec le CPE (12) ; le projet des 3C serait d'autant plus dommageable qu'il n'y a ni moyens matériels (18), quand ce n'est pas un prétexte aux économies (4), ni moyens humains (27). Un autre ensemble concerne la confusion relative aux lieux, avec une opposition à la fusion entre vie scolaire et CDI (53), le CDI devant rester un lieu de travail, d'apprentissages (20) ; le modèle du LC n'est tout simplement pas transposable dans le secondaire (13), réponse qui rejoint bien souvent le problème de l'autonomie des élèves ; le CDI peut être pour certains un 3C, déjà, avec un changement de nom inutile (15), lubie d'interlocuteurs institutionnels qui n'a aucun intérêt, sans connaissance du terrain (12). Enfin certains estiment que c'est trop de place donnée au numérique, en outils comme en ressources (10).
Notons une volonté de réflexion sur l'évolution du ou des lieux, qui n'est pas nouvelle et qui n'a rien à envier à une focalisation perçue comme abusive autour des 3C, focalisation qui permet de ne pas traiter d'autres sujets, en particulier la didactique et la pédagogie. Une collègue de l'académie de Rennes explique que, « en collège, la répartition de la prise en charge des élèves entre CDI et Vie scolaire doit évoluer. On reste sur un découpage ancien : les devoirs en permanence (sur papier) et tout le reste au CDI même si ça n'a rien à voir avec la lecture ou la recherche. Pour autant si on fusionne les deux services, les spécificités du CDI, qui sont déjà difficiles à faire valoir, disparaîtront au profit d'une mission beaucoup plus large d'encadrement du travail personnel. Il faudrait garder deux lieux et deux services distincts : d'un côté une permanence qui gère un minimum de ressources "papier" et "numérique" (manuels scolaires, usuels, exercices en ligne), qui donne les moyens du travail de groupe, du travail à l'oral ; et de l'autre un CDI dédié à la lecture, aux travaux de recherche et à la formation. »
Les arguments pour
Plutôt favorable aux 3C, une collègue de lycée GT dans l'académie de Rennes, explique ainsi : « Je suis favorable à la transformation des CDI en 3C uniquement en lycée car pour moi, le CDI doit apparaître comme l'antichambre de la bibliothèque universitaire où les étudiants viennent travailler en autonomie. Il est important que les élèves aient un lieu où ils peuvent travailler (recherches, devoirs) et il est important qu'ils se sentent bien dans ce lieu, qu'ils puissent aussi faire des pauses (aller vérifier ses mails ou lire une BD par exemple). A mes yeux, c'est un moyen d'autonomiser et de responsabiliser les élèves et donc une bonne préparation pour le supérieur. Cela ne nous met pas "hors-jeu", nous pouvons accompagner les élèves, nous pouvons les orienter vers les ressources du CDI. Un 3C nous permettrait aussi de faire plus séances et de nous déplacer notamment plus souvent dans les classes car 1 ou 2 surveillants ou aides-documentalistes formés peuvent prendre le relais. »
Une collègue de collège, dans l'académie de Grenoble, explique que, dans son établissement, « nous fonctionnons déjà dans l'esprit d'un 3C. Lors de l'extension / restructuration du collège, j'ai eu carte blanche pour réaménager le CDI : espaces et mobiliers modulables, pour favoriser une occupation "à géométrie variable", compatible aussi bien avec du travail de groupe que des activités individuelles, des séances encadrées et de l'accueil impromptu. Même si j'ai toute latitude pour accueillir les élèves au CDI et en gérer l'emploi du temps, je collabore avec les collègues CPE et les aed pour l'accueil pendant les séances pédagogiques et la gestion des flux d'élèves (jours de grève, etc). Même pendant les séances pédagogiques, il m'arrive d'accueillir d'autres élèves occupés en autonomie. J'ai demandé au CG des liseuses pour le CDI, je travaille étroitement avec l'assistant numérique territorial (accueilli au CDI sur ses permanences), et je réfléchis à un projet d'introduction de tablettes au CDI, en lien avec d'autres collègues. Et même si nous n'avons pas encore de progression info-doc formalisée de la 6e à la 3e, nous en menons une de fait, grâce à une collaboration sur tous les niveaux avec des collègues de toutes les disciplines, et avec les CPE. »
Pour autant, ces deux réponses ne sont pas significatives de l'ensemble, comme il ne ressort pas vraiment de raisons claires, ce qui pose bien évidemment question. Nous serions ainsi dans une nouvelle philosophie du lieu, dans laquelle chacun verrait midi à sa porte, premier élément. La transformation du lieu induirait des évolutions qui sont finalement, dans un CDI, du ressort du professeur documentaliste, deuxième élément, voire de sa relation avec les autres personnels, avec cette impression étrange que les collègues attendent de ce changement ce qu'ils ne parviennent pas à insuffler par eux-mêmes, avec un doute alors légitime sur la possibilité offerte par cette politique institutionnelle. Ici, chacun trouve sa raison, avec des contradictions importantes.
Ce qui ressort largement, toutefois, c'est une meilleure collaboration avec la vie scolaire dans le cadre des 3C (21). On retrouve toutefois l'idée que les CDI sont déjà des 3C (11), simple concrétisation d'une évolution sur plusieurs années, les CDI effectivement dénommés 3C n'apportant pas d'éléments différents de ce qu'on peut observer dans un CDI qui a pris en compte, depuis la fin des années 1980, les différentes évolutions sociétales relatives à l'information et à la documentation. On trouve ensuite l'idée d'un lieu plus ouvert (9), avec l'ajout de l'amplitude horaire (4), avec la possibilité plus évidente de déléguer la surveillance des élèves aux AED (9), et donc de se recentrer sur la pédagogie (6), avec à la clé une meilleure reconnaissance (5). A contrario, dans le cadre d'un travail du professeur documentaliste, c'est le moyen de créer une nouvelle dynamique, d'obtenir de la visibilité, des moyens (4), dans le cadre d'une évolution de notre société, autour du numérique et de l'accès à l'information (10), avec un accompagnement des élèves vers l'autonomie (9), un accueil plus important des professeurs (7), un service à la carte qui s'adapte au public (6), que ce soit pour une meilleure ouverture culturelle (8).
Les différences entre CDI et 3C
La question suivante propose de formuler les différences entre CDI et 3C. Nous avons 137 réponses parmi ceux qui ne se prononcent pas (45,4 %), 232 réponses parmi ceux qui s'opposent (72,7 %), enfin 92 réponses parmi ceux qui sont favorables (75,4 %). Précisons que ce sont généralement les mêmes collègues qui répondent aux deux questions, avec une petite perte pour la seconde, sans doute dans l'impression d'une répétition. Pour l'analyse, nous nous en tenons aux éléments pertinents de chaque réponse, sans considération pour les jugements proposés dans la continuité de la question précédente. Plusieurs réponses, enfin, sont mal déchiffrables, avec des expressions nominales qui ne sont rattachées ni au CDI ni au 3C, en particulier chez ceux qui s'opposent au 3C : une lecture interprétative permet de les comprendre, mais nous avons choisi de les rejeter pour éviter les confusions et les sur-interprétations ; ces expressions renvoient d'ailleurs bien souvent à une confusion dans le projet même des 3C et dans la définition de ce qu'est un CDI.
Pour les indécis
Parmi les indécis, nombreux sont déjà ceux qui considèrent qu'il n'y a pas de différence entre CDI et 3C (15), ou seulement dans le nom (6). Mais on note par ailleurs des différences théoriques, perçues, au sujet du fonctionnement : plus de personnels pour gérer le 3C (27), une amplitude horaire plus large dans le 3C (15), une plus grande collaboration avec la vie scolaire (12). Le CDI renvoie à l'individu quand le 3C concerne un collectif (6). Le CDI, c'est un seul espace, quand le 3C concerne plusieurs espaces (18). Quant à l'évolution du lieu, on considère souvent que le 3C propose surtout des outils d'accès numériques, en termes de ressources, de supports (20), avec oubli de l'imprimé (4), avec des missions plus larges (12), mais sans précisions données par les répondants sur ces missions. L'idée d'autonomie des élèves revient régulièrement (17), de même que deux éléments polémiques : d'une part l'idée que le CDI est un lieu d'apprentissages quand le 3C rend service (16), d'autre part l'idée que le CDI suppose la fermeture quand le 3C suppose l'ouverture (10).
Pour les opposants
Pour ceux qui s'opposent aux 3C, la différence revient très souvent sur l'aspect d'un lieu de travail et d'apprentissages pour le CDI, contre un lieu de services pour le 3C (101), avec une insistance sur la disparition du pédagogique dans le 3C. Le deuxième élément souligné est la mise en avant de l'autonomie, voire de la liberté, des élèves dans le 3C (51). Ce sont ensuite plus de personnels dans le 3C (34), du fait qu'il y ait aussi plusieurs espaces (9), avec une plus grande dépendance à la vie scolaire (8), avec un rôle moindre du professeur documentaliste (17), effacé pour certains, amené à disparaître. Pour le fonctionnement toujours, l'amplitude horaire est plus importante dans le 3C (14), avec l'idée d'une plus grande ouverture (5), d'autres enseignants plus investis (5), des missions plus nombreuses (5). Enfin, le 3C suppose une forte présence du numérique (23), pour ne pas dire parfois un oubli de l'imprimé (4), avec nécessité de moyens matériels plus importants (7), dans un espace déshumanisé (3). Finalement ici on cerne davantage de différences, l'absence de différence (7) et l'idée que seul le nom change (2) se présente finalement très rarement.
Pour les collègues favorables
Pour ceux qui sont favorables aux 3C, la formulation des différences entre CDI et 3C est moins variée que la formulation des raisons de leur adhésion à ce projet. Au-delà d'une plus grande ouverture du 3C (21), et d'une forte présence du numérique (13), on trouve deux ensembles de réponses, qui ne sont pas contradictoires mais qui sont très rarement mêlés. Ainsi le 3C peut supposer une meilleure organisation des espaces (15), avec davantage d'espaces, fusionnés, entre services de la vie scolaire et CDI (13), et davantage de moyens matériels et humains (6). Le 3C correspond alors à une attente de moyens, envisageable uniquement dans le cadre de nouvelles constructions, sans que les missions soient différentes. La remarque de ce collègue de l'académie de Dijon est amusante à ce titre, en collège : « L'ambition. L'échelle. Les missions sont les mêmes, mais les moyens aussi différents qu'entre Batman avec ses gadgets pour s'accrocher aux immeubles, et Superman qui s'envole sur commande et traverse la planète en une seconde. » D'autres insisteront sur l'autonomie plus importante des élèves (10), sur l'amplitude horaire plus large (8), sur l'idée d'une meilleure adaptation aux besoins actuels, dans l'idée de service (8), jusqu'au lieu de détente (3). A la marge, on relève des désaccords entre un rôle moindre du professeur documentaliste (1), l'évolution vers la coordination d'une équipe (2) et un recentrage sur ses missions (2), entre un développement des pédagogies différenciées dans le 3C (2) et l'affaiblissement du pédagogique (1). C'est à la marge, mais présenté ici car ce sont des contradictions que l'on ne retrouve pas parmi les autres ensembles. Certaines réponses font réfléchir, dans la continuité de cette analyse :
« Le concept de CDI ne permet pas de concevoir l'accueil et l'accès à la culture de tous les élèves et singulièrement de ceux qui ont le plus besoin d'être formés à l'apprentissage des connaissances et de la culture. » (lycée, ac. Orléans-Tours)
« Le 3C est pour moi une réflexion collective sur la prise en charge des élèves. Les élèves n'apprennent pas qu'en classe, avec un professeur... Le 3C (si le CDI ne le faisait pas déjà) leur offre des possibilités de s'éveiller à la culture, à leur rythme, lorsqu'ils le souhaitent. C'est un "grand buffet" où ils trouvent de quoi s'occuper, approfondir leurs connaissances et découvrir de nouvelles façons de penser. » (collège en 3C, ac. Orléans-Tours)